Participants
  • Philippe Gonin (conférencier)

Entre 1966 (première version enregistrée connue) et 1970 (année des dernières interprétations live), Interstellar Overdrive fut, aux côtés de Careful With That Axe Eugene, l’une des pièces maîtresse du répertoire scénique du Floyd faisant appel à l’improvisation libre.

Durant cette période, le Floyd, sur scène, est pour une large part un groupe expérimental et la section centrale d’Interstellar Overdrive fut constamment le lieu où l’improvisation, tout comme dans la partie centrale de A Saucerful Of Secrets, était pour l’essentiel bruitiste et basée sur des modes de jeu faisant appel à des expérimentations diverses (notamment à la guitare dont l’usage fut fortement inspiré par les expériences de guitare préparée mise en œuvre à la même époque par Keith Rowe au sein de AMM et les performances mises en œuvre par l’avant-garde musicale). Cette démarche rapproche le Floyd d’une pratique qui, à la fin des années 1960, est à des degrés divers commune au jazz, à la pop expérimentale et à la musique savante.
Mais cette improvisation libre est-elle réellement «libre» et donc à chaque fois renouvelée ou bien répond-elle à des schémas plus ou moins stricts et préétablis systématiquement mis en œuvre ? Cette séquence a-t-elle connu des évolutions ? S’est-elle structurée au fil des années autour d’un noyau d’éléments/événements précis ?

Le but de cette communication est de tenter d’apporter des réponses à cette interrogation. Pour y par- venir, il a d’abord été nécessaire d’établir un corpus. Il fallait par ailleurs que ce dernier couvre l’ensemble de la période (1966-1970) et, en dehors des enregistrements officiels (trois différentes occurrences réa- lisées en studio, posant par ailleurs la question de la spontanéité du geste), que les versions retenues soient authentifiées et clairement datées notamment par les travaux exhaustifs de Glen Povey (2012), qui a travaillé sur l’intégralité des set list des concerts du Floyd de 1965 à nos jours, et Vernon Fitch (2005), auteur d’une importante Pink Floyd Encyclopedia ainsi que par l’ouvrage de Nick Mason (2004). Notre choix s’est donc porté, pour cette communication, sur une dizaine d’enregistrements allant de la première version connue, entendue dans le film San Francisco de 1966 à l’une des dernières versions concerts enregistrée à l’Electric Factory de Philadelphie à l’automne 1970.
Nous tenterons, à la lecture des chemins empruntés dans ces différentes versions, de déterminer si le processus d’improvisation suit un cheminement à chaque fois renouvelé ou non. Nous chercherons à établir un catalogue de sons, groupes de sons, ou modes de jeux récurrents et soulignerons également ce qui, dans ces improvisations libres, fut ensuite recyclé et exploité par le Floyd dans d’autres titres postérieurs ou contemporains, tenterons de démontrer en quoi l’évolution du tempo a pu modifier l’interaction entre les musiciens et, surtout, faire émerger des textures sonores nouvelles.
Les analyses feront appel à des logiciels tels que Sonic Visualiser, Audacity ou Matlab (et le plugin MirToolbox). Cette étude comparera les durées de chaque interprétation et les chemins empruntés par les improvisations.

Musique savante/musiques actuelles : articulations JAM14 : journées d'analyse musicale 2014 de la Sfam : journée 1

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