Contenus numériques consultables dans leur intégralité au sein de la Médiathèque de l'Ircam

Œuvre de
  • Nicoletta Andreuccetti (compositeur)
Participants
  • Sarah Sun (soprano)
  • Guillermo Anzorena (baryton)
  • Martin Nagy (ténor)
  • Andreas Fischer (basse)
  • Neue Vocalsolisten

Le célèbre poème de Cecco Angiolieri, S'i fosse foco, ridiculise explicitement les canons littéraires du dolce stil novo : au lieu de se conformer aux sujets amoureux typiques de la poésie de son temps, le sonnet attaque violemment les conventions sociales en vigueur à l'époque en voulant les renverser entièrement. De cette utopie subversive, le poète garde l'impuissance héroïque qu'il traduit par la dérision, en un jeu grotesque qui transforme tout pour finalement tout laisser en l'état. La musique souhaite faire entendre ce paradoxe de l'imagination, en construisant un espace sémantique qui s'articule en trois phases : la première représente la naissance d'un monde intérieur peu conflictuel, qui tente de s'ouvrir à la prononciation. Le texte parlé est à peine sussuré, balbutié : c'est l'élément du signifiant dans son autonomie sémantique qui construit le signifié, tandis que ce dernier, dans sa dimension relationnelle, reste dans le fond, comme un écho. Dans la seconde partie, le chaos du monde commence à prendre forme à travers une écriture marquée par l'entropie et le magma. Dans la troisième et dernière partie émerge le 'chant du chaos', qui dilate les tessitures vocales et cherche les gestes extrêmes dans l'acceptation pacifiée et viscérale de la nécessité ontologique du désordre, de laquelle semble émerger le sourire de l'ironie.

S'i fosse foco, the famous poem by Cecco Angiolieri, explicitly ridicules the literary topics of the Italian “Stilnovo” : instead of adopting the usual amorous subjects of contemporary poetry, the sonnet is a violent attack on the social conventions of his time, calling for a complete subversion of the human world. An impossible subversion, indeed: from the consciousness of the impossibility of changing reality proceeds the irony, the burlesque dimension that transforms the drama into a joke. The music attempts to represent this paradox of the imagination by building up a semantic space split into three parts: the first part is represents an inner peaceful world being born trying to open to pronunciation, the literary text is merely whispered and stammered: it is the semantic autonomy of the signifier to construct a meaning, whilst the signified is perceptively hidden, as an echo. In the second part, worldly chaos is represented through magmatic, disordered writing. Finally, in the third and last part, the intensity of entropy decreases and the “song of the chaos” emerges: the voices try to reach their extreme ranges, the rhythm is slowed, the vital flow seems suspended in a hypnotic game which represents the visceral acceptance of the ontological necessity for disorder, whereby irony's smile seems to emerge.