Contenus numériques consultables dans leur intégralité au sein de la Médiathèque de l'Ircam

Œuvre de
  • Benjamin Attahir (compositeur)
Participants
  • Jacques Mercier (direction)
  • Orchestre national de Lorraine - Formation A

In'zah, pour orchestre

L'oubli
« Comme le galet verni par les marées, j'étais poli par le vent, usé jusqu'à l'âme. J'étais un peu cette force selon laquelle je flottais, puis beaucoup, puis elle enfin, confondant les battements de mon sang et les grands coups sonores de ce cœur partout présent de la nature. Le vent me façonnait à l'image de l'ardente nudité qui m'entourait. Et sa fugitive étreinte me donnait, pierres parmi les pierres, la solitude d'une colonne ou d'un olivier dans le ciel d'été. Ce bain violent de soleil et de vent épuisait toutes mes forces de vie. A peine en moi ce battement d'ailes qui affleure, cette vie qui se plaint, cette faible révolte de l'esprit. Bientôt, répandu aux quatre coins du monde, oublieux, oublié de moi même, je suis ce vent et dans le vent, ces colonnes et cet arc, ces dalles qui sentent chaud et ces montagnes pâles autour de la ville déserte. Et jamais je n'ai senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même et ma présence au monde. »
Albert Camus Le vent à Djémila dans les Noces (1937)

Oblivion
« As a pebble varnished by the tides, I was polished by the wind down to my soul. I was this tiny force, floating, sometimes strong but finally at one with the coursing of my blood and its pulse, matching the sonorous beats of the heart that pervades nature. The wind shaped me in the likeness of the ardent bareness around me. And, stone by stone, its elusive embrace

imparted to me the solitude of a pillar or of an olive tree under a summer
sky. The overwhelming sun and wind wore out all my life force. Within me a wing fluttered, life ebbed and my enfeebled spirit shied away. Soon enough, scattered to the corners of the world, oblivious, forgotten even by myself, I am the wind within the wind, or columns or an arch, or stones in the sun, or pale mountains around a deserted city. And never before have I felt so muchdetached from myself and at the same time, so present in the world. Albert Camus Le vent à Djémila (The Wind at Djemila) in Weddings (1937)

©Acanthes - enregistrement Studio Sextan, Hervé Martin - Guillaume Coudrette

Concert de l'atelier Orchestre National de Lorraine - formation A

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