Né à Paris le 3 janvier 1950, Olivier Greif est issu d’une famille venue des provinces polonaises de l’Empire austro-hongrois : la déportation à Auschwitz de son père, neuropsychiatre et excellent pianiste, ne cessa de susciter des échos conscients ou inconscients dans son œuvre. Remarquablement précoce, Olivier Greif est l’élève de Lucette Descaves et d’Yvonne Desportes avant d’étudier au Conservatoire de Paris le solfège spécialisé (Marcel Bitsch), le piano (Lucette Descaves et Louise Clavius-Marius), le déchiffrage (Geneviève Joy-Dutilleux), la musique de chambre (Jean Hubeau) et la composition (Tony Aubin), classe dans laquelle il est admis en 1965 sur concours et avec dérogation d’âge, sans passer par le cursus habituel d’harmonie, de contrepoint et de fugue. Il obtient à dix-sept ans le Premier Prix de composition avec sa Sonate n° 2 pour violon et piano.
En 1969, Olivier Greif part étudier aux États-Unis dont il admire l’effervescence cosmopolite : il passe quinze mois à la Juilliard School de New York dans la classe de Luciano Berio, dont il devient l’assistant pour la création d’Opera à Santa Fe. Par l’intermédiaire de l’artiste Ultra Violet, il rencontre Andy Warhol et Salvador Dalà qui le prend en affection. De retour à Paris, il étudie à nouveau au Conservatoire la direction d’orchestre (Robert Blot) et l’orchestration (Marius Constant). La décennie 1970 voit alors éclore une première maturité créatrice, parallèlement à une activité intense de concertiste : par l’entremise d’Olivier Messiaen, il est récompensé par le Prix Nicolo de composition musicale décerné par l’Académie des Beaux-Arts (1977). De ces années datent notamment la Sonate dans le goût ancien, le Wiener Konzert pour soprano et piano, Le Tombeau de Ravel pour piano à quatre mains, Bomben auf Engelland pour voix, saxophone et piano, la Petite Cantate de chambre pour voix et deux pianos, la Sonate n° 3 pour violon et piano « The Meeting of the Waters » pour violon et piano, et la première version de deux œuvres majeures : Sonate de Requiem pour violoncelle et piano, et Les Chants de l’âme, un cycle de neuf mélodies en anglais.
Sa carrière d’interprète et de compositeur connaît bientôt un frein lié à une démarche spirituelle entreprise dès 1974. S’il se lie durablement à Dom Jean Claire, chef de chœur de l’Abbaye de Solesmes, c’est sa rencontre avec le maître indien Sri Chinmoy qui accélère son retrait : après la mort de sa mère en 1978, Olivier Greif s’engage pleinement auprès de son « guru » et accepte d’adopter le prénom bengali d’Haridas, « esclave de Dieu ». L’échec de son opéra de chambre Nô, coproduit par l’Opéra de Paris, l’Ircam et le Festival d’automne en 1981, achève de le détacher du monde musical. Durant plus de dix ans, il se consacre à la direction du chœur Sri Chinmoy Song-Waves, qu’il fait tourner dans le monde entier : ses compositions consistent pour la plupart en une série d’arrangements de mélodies composées par son maître spirituel (plus de cent numéros d’opus qu’il désavoua par la suite). Durant ce temps, il reste un chambriste très sollicité et dirige trois années de suite l’Académie-Festival des Arcs qu’il fréquente depuis sa création.
1993 marque un vrai retour à la composition : nouvelle version de la Sonate de Requiem, Trois Pièces sérieuses, la Sonate « Le Rêve du monde » pour piano, les Lettres de Westerbork pour voix de femme et deux violons (Radio France), création des Chants de l’âme (Salle Gaveau). Malgré deux épisodes de lutte avec la maladie, sa carrière est alors relancée : Quintette avec piano « A Tale of the World » (Festival de Kuhmo, Finlande), Hymnes spéculatifs pour voix et ensemble (Musique nouvelle en liberté), Sonate pour deux violoncelles « The Battle of Agincourt » (Freibourg), Sonate « Les Plaisirs de Chérence » pour piano. Artiste en résidence à l’Abbaye de La Prée (1997-1999), Olivier Greif reçoit le Prix Chartier de composition musicale (Académie des Beaux-Arts) et rompt avec son engagement spirituel en reprenant son nom de naissance.
Dans la seule année 1998, il livre sa Symphonie n° 1 pour baryton et orchestre, son Quatuor à cordes n° 2 avec voix, Le Livre des saints irlandais pour baryton et piano, L’Office des naufragés pour voix, clarinette, quatuor à cordes et piano, le Quadruple Concerto « La Danse des morts » pour piano, violon, alto, violoncelle et orchestre, le Trio avec piano et « Todesfuge », Quatuor à cordes n° 3 avec voix. L’année suivante viennent Trois Chansons apocryphes,Portraits et Apparitions pour piano, le Concerto pour violoncelle « Durch Adams Fall » et le Requiem pour double chœur a cappella. Peu après la création du sextuor Ich ruf zu dir et celle du Quatuor à cordes n° 4 « Ulysses », en pleine fièvre créatrice, Olivier Greif meurt brutalement à Paris, le 13 mai 2000.