Né à Jilin en 1961, dans une famille de musiciens (son père est compositeur et directeur de l’Opéra de la Province de Jilin, sa mère, chanteuse), Xu Shuya est élève des classes de violoncelle, d’harmonie et de composition au Conservatoire de Musique de Shangaï (1978-1983), où il a pour professeurs Zhu Jianer et Ding Shande.«J’étais un collectionneur avide de musique moderne et j’essayais de tout saisir : livres, bandes, disques. Je fis la rencontre de Takemitsu lors de ses conférences à Shangaï et je décidai de lui faire écouter mon Concerto pour violon. En échange, Takemitsu me laissa écouter son Concerto pour violon. Je fus frappé par la manière dont il avait absorbé de nombreux éléments de l’Occident et avec laquelle il avait été capable, en même temps, de développer son propre style. En raison de ses aspects occidentaux celui-ci pouvait être compris par un public beaucoup plus vaste. Cela me donna à réfléchir.»
A partir de 1983, il devient assistant puis maître de conférence au Conservatoire de Shangaï. Boursier du Ministère des Affaires Etrangères français en 1988, il quitte la Chine pour Paris, où il poursuit ses études à l’Ecole Normale de Musique et au Conservatoire National Supérieur de Musique dans les classes d’Alain Bancquart, de Gérard Grisey, de Betsy Jolas et d’Ivo Malec. Il rencontre alors York Höller et Bernard Parmegiani.
Membre du Comité de lecture de l’Itinéraire, Xu Shuya est lauréat d’un grand nombre de Prix internationaux (Bourges, Besançon, Shangaï). Ses oeuvres sont programmées dans les grands festivals internationaux comme ceux de Münster, Bruxelles, Amsterdam, Venise, Bourges, Stockholm, Rome, Budapest, Paris. Il a collaboré avec de nombreux orchestres et ensembles dont l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, Le China Central Symphony Orchestra, l’Ensemble Intercontemporain, l’Itinéraire, l’ensemble 2E2M, le Nieuw Ensemble etc…Xu Shuya a composé des oeuvres orchestrales, concertantes, électroacoustiques, des musiques d’ensembles et de films.
Les premières partitions de Xu Shuya conjuguent l’influence de Debussy, de Ligeti, de Stravinsky et de Takemitsu aux chants populaires de la province du Hunan (étudiés au début des années 1980), avec leurs intervalles caractéristiques et leurs variations infimes des hauteurs : Chant de Miao (1982). Si le Tao, qu’il découvre à Shangaï à la même époque, demeure source d’inspiration, l’oeuvre de Xu Shuya se fait plus dramatique et énergique : les idées philosophiques sont transcrites dans un style de composition plus occidental et dans une écriture ayant assimilé toutes les techniques de la modernité. Son travail sur l’électroacoustique au GRM ou à l’Ircam est déterminant dans l’évolution d’un langage qui allie souvent musique traditionnelle et acquis de l’informatique musicale. Ainsi Taiyi (1990), pour bande magnétique, transforme des attaques de xiao, flûte verticale jouée par Xu Shuya lui-même, pour aboutir à une oeuvre à la technique étonnament complexe : les micro-intervalles, qu’autorise la souplesse de l’instrument, se trouvent ensuite confrontés aux jeux de clefs d’une flûte occidentale dans Taiyi II (1991). Chute en automne (1991) marque un premier point d’aboutissement. «Espace de la structure sonore», la chute et le titre même manifestent le jaillissement du rythme et la continuité d’un son en spirale que déclinent pizzicati, tenues nuancées et timbres percussifs, au sein d’intenses variations du temps. Depuis, l’oeuvre de Xu Shuya se veut mouvante, délaissant calcul harmonique ou sériel pour un langage fait de couleurs et de timbres mais aussi de croisement entre une culture chinoise et une forme intimement unie, calme et tenue, ne se risquant que rarement au contraste : Cristal au Soleil Couchant (1993), Changement/Constance (1994), Dense/Clairsemé (1994)… Le son, fixe ou en mouvement, le souffle et le chant dans l’instrument incarnent alors l’unité des contraires appelée par les titres.