Scénarisation et processus d’écriture des œuvres interdisciplinaires [ musique, geste, lumières, vidéo, espace scénique ]

Dans l’histoire de la musique, il est frappant de constater avec quel acharnement Edgar Varèse a développé son langage autour d’une utopie (le son projeté dans l’espace) qui ne s’est résolue que tardivement, avec l’écriture de Déserts, première œuvre mixte du répertoire. Cet acharnement est peut-être et simplement celui de l’artiste qui ne veut se contenter ni des formes de représentation établies, ni des cadres musicaux et sonores imposés par son époque. En d’autres termes, l’acceptation d’une constante expérimentation des cadres du concert, qui, à titre personnel, me semble indispensable à l’acte de composition.
J’ai eu la chance d’entamer ma carrière de compositeur avec l’écriture d’une œuvre associée au cinéma, une composition originale électroacoustique pour le film muet La Grève d’Eisenstein. Cette expérience a déterminé de manière profonde mon approche de l’écriture comme un art du montage (en référence ici aux théories d’Eisenstein), cherchant dans la coexistence de nombreux médias un rapport dialectique. Intégrer l’image, la lumière, la scénographie, le geste (qu’il soit théâtral ou procède d’un rituel) n’étant pas ici répondre à une tentation spectaculaire mais, au contraire, une constante expérimentation axée essentiellement sur le musical, où ces sources génèrent de nouveaux contrepoints perceptifs.
Ce séminaire sera axé sur l’analyse d’œuvres intégrant ces dispositifs : comment sont-elles pensées en amont (notion de scénario) et mises en œuvre (sous l’angle technologique et méthodologique) jusqu’à l’inscription de ces médias dans le cadre des partitions.

Scénarisation et processus d’écriture des œuvres interdisciplinaires [ musique, geste, lumières, vidéo, espace scénique ] 2ème partie