flûte basse, clarinette basse [avec pédales analogiques], basson, trompette, trombone, piano (aussi clavier électronique/MIDI/synthétiseur, batterie, violon, alto, violoncelle, contrebasse [avec pédales analogiques]
Amelia Rosselli (Paris 1930 - Rome 1996) était une poétesse italienne, fille du résistant antifasciste Carlo Rosselli, assassiné en 1937 par La Cagoule alors qu’il vivait en exil en France. Après avoir fui en Angleterre, en Suisse et aux États-Unis, elle est retournée à Rome, où elle a étudié la composition et l’ethnomusicologie. En proie à ses tourments et à un manque de reconnaissance, elle s’est donné la mort le 11 février 1996 en se jetant par la fenêtre de son appartement à Rome, exactement trois ans après Sylvia Plath, qu’elle admirait profondément.
Sa formation musicale explique l’originalité d’un style multilingue et d’une fusion
singulière entre parole et musique. Son trilinguisme – italien, anglais et français – que je partage également, engendre un jeu d’associations verbales fondé sur la sonorité de mots sémantiquement éloignés, explorant la frontière entre le familier et l’étranger. Dans cette œuvre, je me suis inspirée des allusions auditives de ses vers pour bâtir une correspondance musicale. Cette approche prolonge une réflexion initiée dans Gradual Abruptness (2018-2022), cycle composé pour la soprano Johanna Vargas et l’Ensemble Linea dans le cadre de l’émission Création Mondiale de Radio France.
Dans FARO, le travail sur la relation entre voix et musique s’élargit, intégrant de nouvelles perspectives et développant une approche du multilinguisme qui s’appuie sur les théories « panmusicales » qu’elle a élaborées. Amelia Rosselli rêvait de concevoir un instrument – jamais achevé – capable d’extraire l’essence acoustique du langage. Avec le réalisateur en informatique musicale Matéo Fayet, nous avons travaillé à la reconstruction de cet instrument, un clavier électronique jouant la voix de la poétesse. Le fantôme de la poétesse, sa voix, ses techniques de composition poétique et sa vision de la relation entre parole et musique sont pleinement intégrés à l’œuvre, générant un matériau répétitif menant à un débordement de mots.
En intégrant des enregistrements de sa voix, l’œuvre explore la frontière entre documentaire et fiction sonore. Cette démarche s’inscrit dans une réflexion plus large sur la composition d’un portrait musical, interrogeant les moyens musicaux permettant de représenter une personne et les possibilités offertes par l’approche musicale pour donner une « image » sonore d’un individu.
Amelia Rosselli, bien que dotée d’une vision artistique profonde et d’une culture immense, a longtemps été ignorée, à cause de sa difficulté à concilier ses troubles mentaux avec la quête d’un contexte artistique et culturel où ses idées puissent résonner. FARO cherche ainsi à dépasser la vision d’une femme tourmentée et définie par son dernier geste, pour révéler la force de son imaginaire et la
singularité de son univers poétique.
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