Dans le recueil Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire) paru à Stuttgart en 1952, Paul Celan a inséré un cycle de dix sept poèmes intitulé Gegenlicht (Contrejour).
Vom Blau est l’un de ces poèmes.
Mémoire et oubli, dans leurs relations ténues, indécelables est peut être ce qui caractérise le mieux l’organisation d’un discours musical, sa composition.
Ces poèmes lus il y a près de vingt ans et relus sans cesse apparaissent comme autant de textes insurpassables, débarrassés de tout esthétisme, essentiels, dans une lumière étrangement proche de ceux d’Attila Jozsef découverts dans le même temps.
Il aura fallu toutes ces années pour que ces textes qui m’accompagnent deviennent des « pré-textes » à l’écriture d’une musique qui n’illustre pas, ne commente pas le poème mais a simplement été éveillée par lui.
Vom Blau qui donne son titre à la pièce est un poème inséré dans le cycle « Gegenlicht ».
Ecrite pour la contrebasse à la mémoire de Jean François Jenny-Clark, cette pièce a trouvé dans le poème de Paul Celan la force pudique de l’expression d’un « adieu » ; hommage à un musicien dont la disparition rend plus présente encore la force de la proximité.
Henry Fourès (1999).