Philippe Hersant étudie la composition dans la classe d’André Jolivet au Conservatoire de Paris — où il obtient le prix d’écriture —, tout en poursuivant des études littéraires. Il est boursier de la Casa de Velázquez de Madrid de 1970 à 1972, puis de la Villa Médicis de Rome de 1978 à 1980. Producteur à France Musique de 1973 à 2005, il y étend sa culture musicale à de nombreux genres.
Il est compositeur en résidence auprès successivement de l’Orchestre National de Lyon (1998-2000), de l’Orchestre National des Pays de la Loire (2007-2009), de l’Orchestre de Bretagne (2008-2010), du Festival des Forêts (2015-2018), du Festival de Besançon et de la Cité de la Voix à Vézelay (2016-2018) et du Festival Aspects des Musiques d’aujourd’hui à Caen (2017).
Sensible à la littérature, Philippe Hersant met en musique de nombreux textes : Jules Verne pour Le château des Carpathes, opéra nommé deux fois aux Victoires de la Musique, Anton Tchékhov pour Le Moine noir, sur un livret de de son frère, l’historien Henri Hersant, Jean Echenoz pour Éclairs, Hölderlin pour Lebenslauf, ou Rimbaud pour Allégories et Illuminations.
À partir du Château des Carpathes (1989) émerge un intérêt prégnant pour la voix, visible dans sa production importante de pièces pour voix et instruments mais également dans une pièce comme Niggun, historiquement un chant de louange vocalisé sans paroles, interprétée par un basson, dont le jeu rejoint alors la voix.
Son implication dans le Festival Ombres et Lumières de Clairvaux de 2011 à 2016, constitue un moment-clé de son parcours : à cette occasion, Philippe Hersant travaille avec les détenus de la Centrale de Clairvaux. De cette collaboration, issues des textes écrits par les détenus, naissent plusieurs œuvres chorales : Instants limites, Métamorphoses, Kitoo. Le projet a fait l’objet d’un documentaire, Revenants, par Julien Sallé.
Pour Philippe Hersant, la composition favorise l’émergence de mélodies issues du souvenir — le compositeur a une excellente mémoire auditive — et amène à la citation. C’est tout particulièrement le cas dans ses pièces de musique sacrée : l’écriture de musique religieuse par un compositeur non-croyant et dont les souvenirs remontent à l’enfance appelle à la mémoire collective, au mythe. Il s’intéresse alors, suivant les mots d’André Boucourechliev, au thème tel que passé par le filtre de la mémoire, plus forcément textuel mais déformé à l’image intérieure de celui qui se souvient (en l’occurrence le compositeur), sans jamais pour autant glisser vers le pastiche. Il apparente ce procédé compositionnel à celui de Luciano Berio pour Voci où le compositeur mêle chansons populaires siciliennes à son propre langage.
En 2004, le compositeur est tête d’affiche du festival Présences de Radio France. Entre 2006 et 2017, il effectue trois mandats d’administrateur de la SACD, où il préside la commission Musique à trois reprises. Il est membre des conseils d’administration de l’Ensemble vocal Aedes, de la Compagnie La Tempête et de l’Orchestre de Chambre de Paris. Enfin, il est président de l’Association Jeunes Talents ainsi que du jury Musique de la Fondation d’Entreprise Banque Populaire.
Philippe Hersant est également l’auteur de plusieurs musiques de film, notamment pour Nicolas Philibert : Un animal, des animaux (1994), Être et avoir (2001), Nénette (2009), pour n’en citer que quelques-uns.
Philippe Hersant est Commandeur des Arts et Lettres.
Prix et récompenses
- Victoire de la Musique Classique - compositeur de l’année, 2005, 2010, 2016 ;
- Prix Musique décerné par la SACD, 2014 ;
- Grand Prix Lycéen des Compositeurs, 2012 ;
- Fondation Del Duca décerné par l’Académie des Beaux-Arts, 2001 ;
- Grand Prix de la Musique Symphonique décerné par la SACEM, 1998 ;
- Prix Maurice Ravel, 1996 ;
- Prix du Syndicat de la Critique Musicale et Dramatique, 1994 ;
- Prix Arthur Honegger pour le Concerto pour violoncelle et orchestre de chambre, 1994 ;
- Prix des Compositeurs de la SACEM, 1991 ;
- Grand Prix musical de la Ville de Paris, 1990 ;
- Prix de la meilleure création contemporaine de la Sacem pour Quatuor à cordes n°1, 1986 ;
- Prix Georges Enesco, 1982 ;
- Prix Nadia Boulanger, 1970.