« Le vent d’hiver dit Kogarashi (celui qui sèche les arbres) est la bise dont le souffle emporte les dernières feuilles. Exemple parfait d’une violence extrême, il n’a pourtant ni forme ni couleur, n’étant visible que par ce qu’il produit »1.
Les fantômes sont ceux du Roi Lear (acte III) qui résonnent dans son esprit, fantômes inexpugnables errant sur la lande où Lear se perd absolument. Force surnaturelle, cette mythologie – croit-il – le soumet. D’eux ne parviennent que les soupirs portés par le vent. Un vent qui charrie le souffle de voix inconnues, ou bien s’agit-il de sa propre voix (« soufflée, ma voix revient vers moi » dit le poète Japonais 2). Un vent qui est l’espace devenu audible, mais un espace où le sol se dérobe, où tout se confond, bruits et sons, où ciel devient terre et terre devient ciel.
Lear y meurt et y naît à la fois.
« Le premier soupir des fantômes, c’est le dernier soupir des vivants » 3.
- René Sieffert, Le Faucon impatient, Presses Orientalistes de France, Paris, 1994.
- Meisetsu (1847-1926) dans L’Hôte, l’invité et le chrysanthème blanc, Haikus d’automne, éditions Moudarren, Millemont (France), 1990.
- Jacques Dars, Aux portes de l’enfer, éditions Philippe Piquier, Arles, 1984.