Ovide : 'Métamorphoses', X, 280-289 et Simone Weill : 'Journal d'usine'
2 sopranos (also mezzo-soprano, contralto [haute-contre], 2 tenors, baritone, bass voice), 2 flutes (also piccolo, bass flute), 2 clarinets (also bass clarinet), contrabassoon, horn, trumpet, trombone, 3 percussionists, piano, 2 violins, viola, 2 cellos, double bass
Cette pièce est destinée à prendre part à un projet d'opéra sur le double thème du corps et du travail — y sont convoquées deux narrations — l'une mythologique (le texte d'Ovide, extrait des Métamorphoses, dans lequel Pygmalion faconne puis s'éprend de Galathée), l'autre historique (le récit par Simone Weil de sa propre expérience du travail à l'usine).
Dans un cas comme dans l'autre, c'est de lacune dont il s'agit : l'impossibilité pour Galathée de comprendre le monde des sensations comme "allant de soi" (il s'agit chez elle d'une notion extérieure, d'une idée dépourvue d'expérience préalable). L'impossibilité, lors du travail à l'usine, d'isoler son esprit des tâches inhumaines dont son propre corps est acteur et victime (il n'y a pas de place pour laisser vagabonder ses idées).
De même, l'écoute de cette partie centrale de l'opéra, momentanément dépourvue d'appareil orchestral et choral, ne se réalise que négativement : la disposition spatiale des voix et des deux groupes d'instruments ne permet pas aux auditeurs une écoute globale, frontale ou englobante, mais au contraire schizée : spatialisation et dramaturgie participent indissolublement à la double expérience du corps de l'autre décrit de l'extérieur (Galathée), et de l'expérience intime de son propre corps (Simone Weil).
Brice Pauset.
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