Imaginez la côte vue de l'océan Atlantique. Il y a ces lieux que vous reconnaissez, lointains et familiers : les phares, les caps, les repères ancestraux, et aussi les petits riens, les lieux plus familiers, une maison, un trait sur une falaise, et enfin ce petit pincement que ressentent les marins qui rentrent au port après un long voyage. Ces lieux porteurs de mémoire et de reconnaissance se nomment des amers.
Maintenant, fermez les yeux pour laisser toute la place à l'univers des sons. Imaginez-vous au milieu de l'Océan, cherchant des repères, des amers sonores. Peu à peu, trois directions se dessinent et les trois axes forment le triangle d'incertitude. Au nord-ouest, le Fastnet, au Sud le Cabo Finisterre et à l'est, Le Conquet, la pointe de la Bretagne.
Des sons du paysage, vent, vagues, le littoral, se mêlent à ceux de la signalétique maritime, phares, bouées, radios, et puis les ports, les docks, les caisses qu'on ripe, les cornes de brume. Il y aussi les phares, les oiseaux de mer, la criée, toute l'âme sonore de chaque lieu qui se déploie, et, pour un instant, vous savez où vous êtes.
Cécile Le Prado a enregistré les voix des paysages maritimes. Et puis, au cours d'un patient travail de transformation, elle est passée du sonore au musical, creusant dans la masse des informations pour en extraire l'identité musicale de chacun de ces trois lieux, de ces trois amers.
Ainsi Le Triangle d'incertitude est une installation musicale au cœur de laquelle vous allez voyager. Cécile Le Prado vous appelle ainsi à rejouer le drame du voyageur immobile, éveillé sur la tempête endormie, et, comme le poète, à entendre plus loin que l'horizon.