Des notes sombres et bruissantes, liées à des mouvements, jaillissent de façon organique. Le moindre son, le moindre soupir trouvant son prolongement, son origine, dans un mouvement de la main jusqu'au poignet ou du buste. Ainsi les sons apparaissent, tantôt lointains, tantôt proches et prennent chair jusqu'à la résonance du corps tout entier. L'idée initiale est celle d'un tuba « percutant », nerveux et volubile, en constante relance d'énergie. Il a deux particularités qui le distinguent des autres cuivres : la taille de l'embouchure permettant une mobilité de la cavité buccale et un corps sonore important qui favorise l'amplification des sons générés dans l'embouchure. Du point de vue du timbre, le souffle dans l'instrument (résonance tubulaire due au matériau et à la morphologie de l'instrument), son massif (soupression), son clair (surpression), résonnant avec une sonorité retentissante, s'oppose aux sons nets et aux sons réverbérés ; les sons nets, tous audibles séparément, s'opposent aux sons plus ou moins « fondus » dans une sonorité ample, profonde et riche, pour donner au tuba plus de « relief ». L'écran sonore, mis en place par les haut-parleurs, tentant de réunifier les différentes sources sonores en un même espace acoustique.
Frédéric Kahn, programme du concert du Cursus de composition Ircam 2001.