John Tavener commence en 1957 à composer à la Highgate School de Londres, où il joue également du piano et chante dans le chœur de l’école. En 1961, il devient chef de chœur et organiste à l’église presbytérienne St John à Kensington avant, l’année suivante, d’intégrer la Royal Academy of Music. Il y étudie avec le compositeur australien David Lumsdaine, qui lui fait découvrir la musique d’avant-garde européenne, dont John Tavener ne gardera que quelques enseignements, la rejetant comme pompeuse — ce qui n’empêchera pas, par exemple, qu’une œuvre comme The Lamb (1982) puisse emprunter une technique compositionnelle apparentée au sérialisme. Cela le rapproche notamment de la trajectoire d’un Arvo Pärt, les deux compositeurs pouvant être associés au courant de la post-modernité.
Le compositeur connaît le succès public dès ses vingt-trois ans avec sa pièce The Whale (1967) : créée lors du concert inaugural du London Sinfonietta au Queen Elizabeth Hall en janvier 1968, elle mêle récitations descriptives de la baleine de l’Encyclopédie Collins, improvisation et collage de bandes dessinées. L’œuvre, transmise à Ringo Starr, est par la suite publiée par Apple Records, le label des Beatles.
La musique de John Tavener est, quasiment dans son ensemble, religieuse — et vocale —, même si la spiritualité du compositeur évoluera à plusieurs reprises au cours de sa vie. Au début des années 1970, son travail est influencé par sa passion pour la poésie de Saint Jean de la Croix et le thème de l’amour transcendant qu’elle véhicule, que l’on retrouve dans les pièces Últimos Ritos (1969-72), Nomine Jesu et Coplas (1970). Le compositeur est alors porté, surtout par son éducation, à s’intéresser au catholicisme romain.
À la demande de Benjamin Britten, Covent Garden lui commande un opéra ; John Tavener choisit d’écrire sur Thérèse de Lisieux. Thérèse (1973), œuvre concomitante de l’effondrement du mariage du compositeur, est un échec critique et est à l’origine d’une grave crise spirituelle et musicale. La conversion du compositeur à l’Église orthodoxe russe en 1977 met fin à la crise spirituelle : il s’immerge dans la tradition musicale ecclésiastique orthodoxe et s’en inspire pour ses nouvelles œuvres, notamment Kyklike Kinesis et Liturgy of St. John Chrysostom (1977). En 1979, à trente-cinq ans, un accident vasculaire cérébral marque le début des problèmes de santé et des douleurs chroniques du compositeur qui le suivront toute sa vie (en 1990, il est diagnostiqué du rare syndrome de Marfan) et informeront largement son œuvre, notamment par la forte présence des thèmes de la consolation et de la beauté dans la mort.
Sa recherche spirituelle se poursuit au cours de cette décennie : inspiré par le livre The Life of St Mary of Egypt (1974) de Mother Thekla, le compositeur contacte la religieuse avec qui se noue une relation fructueuse d’une vingtaine d’années au cours de laquelle celle-ci est la librettiste, théologienne et conseillère spirituelle de John Tavener, particulièrement après le décès de sa mère. Elle l’aide alors à se remettre à écrire (il compose The Protecting Veil, 1988) et rédige les livrets de plusieurs de ses pièces parmi lesquelles le deuxième opéra du compositeur, Mary of Egypt (1992) et Song for Athene, sa pièce la plus connue, qui mêle textes de la liturgie funéraire orthodoxe et passages d’Hamlet, et qui fut jouée aux funérailles de Diana, princesse de Galles en 1997.
En 2000, le South Bank Center de Londres lui consacre un festival de trois semaines intitulé « Ikons of Light ». À cette époque, John Tavener s’intéresse à d’autres religions, ainsi qu’au pérennialisme, une perspective philosophique et spirituelle qui considère que toutes les traditions religieuses partagent une vérité ou une origine métaphysique unique. Sur ce point, le compositeur se réfère souvent à Karlheinz Stockhausen. Il écrit Lament for Jerusalem (2002), un chant d’amour mystique tiré des traditions des trois religions du Livre, Shunya (2003) d’inspiration bouddhique, The Beautiful Names (2004) sur des versets coraniques et étudie les poètes soufistes. Cet universalisme religieux va à rebours de l’atmosphère des premières années du XXIe siècle et favorise une réception polémique de ses œuvres.
Malgré de nouveaux problèmes cardiaques importants en 2007, John Tavener continue à composer (Towards Silence, 2007), habité par la perspective de sa propre mort. Il s’éteint le 12 novembre 2013.
Prix et distinctions
- Ivor Novello Classical Music Award, 2005 ;
- Grammy Award for Best Classical Contemporary Composition, 2003 ;
- Chevalier de la New Year Honours list pour services rendus à la musique, 2000 ;
- Prix international Rainier de Monaco pour Cain and Abel (1965).