Emmanuel PONSOT, équipe Perception et design sonores, présente :

“Modélisation des processus perceptifs et cognitifs impliqués dans l’évaluation de la sonie globale de sons non-stationnaires”

Depuis plus d’un siècle, les paramètres physiques du signal impliqués dans la perception de l’intensité sonore – la sonie – des sons stationnaires ont fait l’objet d’un grand nombre d’études (e.g. masquages temporel et fréquentiel, intégration temporelle). Différents modèles de sonie ont de ce fait pu être développés ces dernières années – le plus communément utilisé dans les domaines de recherche liés à l’audio étant celui de Glasberg & Moore (2002)[1] – pour permettre d’estimer rapidement et précisément l’intensité de signaux stationnaires telle qu’elle serait perçue par un ensemble d’auditeurs. Cependant, la plupart des sons parvenant quotidiennement à nos oreilles – sons environnementaux, sons musicaux – sont fortement non stationnaires : l’intensité sonore perçue varie continument au cours du temps. Alors que les modèles de sonie actuels permettent désormais d’estimer correctement la sonie à court-terme – correspondant à la sonie perçue en fonction du temps – de ces signaux variant au cours du temps, aucun indicateur perceptif fiable concernant la sonie globale – correspondant à la sonie perçue sur l’ensemble du son, et estimée après l’écoute – n’a à ce jour encore été proposé. Un indicateur numérique permettant de traduire le jugement global de l’intensité sonore s’avère pourtant nécessaire pour évaluer et comparer des signaux variant au cours du temps.

Lors de ce séminaire, nous présenterons les travaux de recherche en psychoacoustique effectués ces derniers mois au sein du projet ANR LoudNat. Nous tenterons de comprendre comment les processus perceptifs et cognitifs impliqués dans l’évaluation de la sonie globale des sons non-stationnaires peuvent être identifiés et intégrés aux modèles de sonie actuels. Nous verrons que ces processus, mettant en jeu des phénomènes d’attention, de sélectivité informationnelle et de mémoire, ne sont pas spécifiques à l’audition et au jugement global de l’intensité sonore mais sont en réalité partagés par d’autres modalités sensorielles et sollicités dans la formation du jugement global de différentes informations, comme la perception de la douleur.

[1] Journal of the Audio Engineering Society, 50(5), 331-342.