informations

Type
Conférence-analyse d'une oeuvre
Lieu de représentation
Ircam, Salle Igor-Stravinsky (Paris)
durée
55 min
date
18 novembre 2013

Mauro Lanza, compositeur, présente sa dernière création Ludus de Morte Regis

Crée le 8 juin 2013, France, Paris, Ircam, Espace de projection, par les Cris de Paris, direction : Geoffroy Jourdain.
création italienne le 13 octobre au Teatro alle Tese, Venise dans le cadre de la Biennale de Venise.

Ludus de Morte Regis, littéralement « jeu de la mort du roi », convoque trois figures historiques : Giovanni Passannante, Pietro Acciarito et Gaetano Bresci qui ont tout trois en commun d’avoir voulu assassiner Umberto I, deuxième roi d’un État italien à peine né. Si les deux premiers ont échoué, et n’ont réussi qu’à le blesser légèrement au couteau en 1878 et 1897, le troisième est quant à lui parvenu à atteindre et à tuer le souverain, d’un coup de pistolet le 29 juillet 1900.
Dans aucun des trois cas il ne s’agit d’un complot. Les trois hommes ont agi seuls, en toute conscience : plus qu’à la personne du roi, ils se sont attaqués au symbole de pouvoir.
Les dernières paroles d’Umberto I témoignent, avec une ironie involontaire, d’un manque analogue d’à-propos, même dans les circonstances atténuantes de l’agonie : « Il y a bien longtemps que je n’avais pas assisté à une démonstration de sympathie aussi cordiale de la part de mon peuple. »
Pour célébrer le rituel du détrônement, Ludus de Morte Regis multiplie les permutations du « haut » et du « bas ». Ce « bas » est moins une qualité morale qu’une indication topographique, désignant des objets bruts, non raffinés, mais aussi et surtout réfractaires au travail. Ainsi, les vingt-huit chanteurs mettent souvent de côté leur savoir-faire vocal pour se livrer à une farce carnavalesque composée de sons normalement catalogués comme « non musicaux » : un univers sonore digne d’un monde à l’envers, peuplé de pets, de rots, de crécelles, de couinements de canards en plastique et de trompes de la plus simple confection. L’électronique, de son côté, en remet une couche, en proposant des objets sonores dont la source est plus ou moins identifiable. L’hilarité suscitée par ces sons triviaux et grossiers laisse place à l’étonnement, lorsqu’on y perçoit une ambition formelle, et lorsqu’on réalise que même un objet connoté péjorativement, tel un coussin péteur, peut faire partie des briques utilisées pour bâtir un langage.

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