Le titre de la pièce suggère une double interprétation. De fait, si ce terme désigne une composition lyrique empreinte de solennité, il renvoie aussi, dans son acception de « poème figuré » cher aux poètes grecs et romains, à un genre poétique dans lequel la disposition des mots dessine des figures caractéristiques.
Fedele s'est laissé guider par l'une et par l'autre possibilité. Sans renoncer à une tension de type lyrique, il réalise dans la partition de séduisantes structures graphiques et confie à la « figure » — entendue comme élément archétypique de l'écriture musicale — la tâche de condenser et d'organiser la composition. Les matériaux, exposés d'emblée, sont ensuite développés non pas tant dans leur substance que dans leur apparence, autrement dit dans le rôle qu'ils sont amenés à jouer.
La pièce est articulée en quatre parties. Le Premier poème instaure un jeu subtil de transformations à travers des notes répétées et des trilles ; le Premier commentaire, plus lent et moins tendu, développe les potentialités chantantes des figures précédentes ; le Deuxième poème s'appuie sur la même structure et les mêmes niveaux de densité que le Premier poème, mais définit son propre élément constitutif dans le modèle des gammes ; enfin, le Deuxième commentaire se sert de la figure « trille » pour produire la fixité progressive des épaisseurs phoniques par laquelle s'achève la composition.
Claudio Proietti, « Ivan Fedele » Les cahiers de l'Ircam, coll. Compositeurs d'aujourd'hui, 1996.