Pour la première fois dans ma composition, je me suis inspiré d'une autre œuvre artistique. Il s'agit d'une image composée de roses jaunes, recouvertes de gouttelettes d'eau donnant une impression de gélatine. Mon oeil est parti à la découverte de cette image répétée neuf fois sur un grand panneau. Il essaie de se faufiler, arrive devant un espace blanc, un immense vide. Il part se réfugier dans des interstices. Il se fraye un chemin à travers les différentes matières et s'éloigne ensuite en regardant l'image. J'ai tenté de traduire l'atmosphère de cette déambulation oculaire. Commençant mon travail à partir de divers caractères, j'ai construit sept parties représentant les espaces, les angles et les différents matériaux de l'image. Les glissandi de la clarinette et de son environnement sonore sont liés à la « fluidité solide » de la gélatine. Les espaces blancs sont joués par les notes longues et calmes dans le registre chalumeau, comme un trou noir. Le choix de la clarinette basse s'est imposé par son aisance à jouer des quarts de tons et ses sonorités souples et riches. La partition est construite à partir d'une mélodie constituée à la fois de matériaux musicaux et de sons. Je remercie M. Garnell pour la forte impression que m'ont laissée ses images.
Joakim Sandgren, programme du concert du Cursus de composition 1999-2000.