Pour la composition de cette pièce, je me suis inspirée de gravures de l'artiste espagnol Manos Valdés (né en 1942). Il s'agit d'une série d'une même silhouette de danseuse, dans laquelle Manos Valdès utilise des procédés de décalage et des variations de couleurs. La partie de violoncelle symbolise la silhouette originale, que j'ai rendu floue à l'aide de procédés électroniques (delay, harmonizer, modulation de fréquence), et à laquelle j'ai ajouté une variété de sens et de couleurs. Le violoncelle et l'électronique forment un double contour. De plus, le violoncelle possède une double structure : le soi et l'environnement. Le son électronique représente l'autrui qui est en dehors de soi. La partie électronique de la pièce est principalement constituée par une transformation du violoncelle en temps réel, mais aussi par de fichiers préparés en studio parmi lesquels on trouve des sons évoquant les cérémonies bouddhistes (cloches et chœurs masculins appelés « Shomyo »). La différence entre ces deux sons est infime, mais ils expriment une double structure Orient-Occident. Ces doubles structures deviennent, à la fin de la pièce, un seul et unique son semblable à une prière.
Kumiko Omura, programme du concert du Cursus de Composition Ircam 2002.