Que se passe-t-il si un pianiste joue dans un lieu où le temps et l'espace vacillent, où le temps, par moments, s'écoule à reculons, où le spectre se déploie et se referme irrégulièrement, où l'espace se redessine en permanence ? Five Imaginary Pieces pour piano et électronique en temps-réel met le pianiste dans cinq environnements d'interaction, dans lesquels l'électronique réagit de différentes manières aux informations transmises par l'interprète.
À partir de l'analyse spectrale en temps-réel et de la mesure de l'intensité des attaques, l'ordinateur transforme le son du piano en fonction de certains paramètres. Les « voix » ainsi modifiées sont ensuite transmises à la Timée, un système de projection du son, développé à l'Ircam, qui contrôle la direction du rayonnement de la source sonore. La Timée crée ainsi l'illusion d'une transformation continue des conditions acoustiques de l'espace architectural de l'œuvre. Dans chacune des cinq courtes parties de la pièce, le matériau musical reste uniforme afin d'établir un espace imaginaire permettant aux éléments de cette structure mobile d'être localisés. Dans certaines parties (Helix, Spin, Cataract), les grilles de projection spatiale sont directement connectées au timbre de l'une ou plusieurs des « voix » du fait que certaines bandes de fréquence conservent une trajectoire de projection relativement constante. Dans les autres parties (Raum-Riss, Topofabric), au contraire, une même trajectoire peut véhiculer des figures ou textures musicales différentes, afin de créer une topologie dynamique ou une image acoustique des objets musicaux. Ainsi la définition spatiale de chaque son devient un facteur important de la perception de la musique.
Remerciements à Nicolas Misdariis et Eric Daubresse.
Oliver Schneller, programme du concert du Cursus de composition, Ircam 2001.