Freibrief für einen Traum (Carte blanche pour un rêve) est fondée sur le poème _Es wird späte_r de Karl Lubomirski (né en 1939).
Depuis quelques années, je cherche un point de rencontre entre le monde des émotions procurées par l’écriture et le matériau musical. Je ne souhaite pas faire une illustration du texte mais créer un matériau de base qui s’y rapporte, le langage sonore. Pour cette composition, j’utilise le poème Es wird später de Karl Lubomirski énoncé en allemand et en français.
La bande est composée à partir de l’enregistrement de la voix de soprano et des instruments (flûte, violoncelle, percussions). Pour cela j’ai composé, en avril dernier, 25 petites séquences pour les instruments et une partie chantée à quatre voix. Chaque voix a été enregistrée séparément. Dans la partie électronique, on ne trouve aucune autre source sonore. Quatre haut-parleurs sont disposés autour du public ainsi que quatre autres sur scène à côté de chaque musicien. La chanteuse et les instruments sont uniquement sonorisés par leur haut-parleur respectif. Les sons électroniques sont divisés en deux groupes : l’un correspondant à un traitement plus global, en adéquation avec la structure de la pièce, dont les sons sortent autour du public, l’autre étant plutôt un traitement individuel en relation avec chaque partie instrumentale, dont les sons sont émis par le haut-parleur situé à côté du musicien concerné.
La pièce est fondée entièrement sur le chiffre 5. Il y a cinq grandes parties, chacune divisée en cinq sous-parties. Du point de vue de l’harmonie, la pièce est bâtie sur cinq accords de cinq notes. Les 25 séquences enregistrées pour la préparation de la bande sont dérivées du même matériau. Avec le logiciel Patchwork, j’ai développé un modèle compositionnel pour la rotation d’un geste musical dans un espace tridimensionnel. Pendant cette rotation, les paramètres d’un même geste (hauteur, rythme, dynamique…) sont simultanément interpolés vers un autre geste. Pour la réalisation de la bande, j’ai surtout travaillé avec Max sur la Station d’informatique musicale de l’Ircam. A l’aide d’un patch de synthèse granulaire qui me permettait de contrôler et d’enregistrer les paramètres les plus importants (taille du grain, transposition, durée, vitesse, position dans l’espace, etc.), j’ai retravaillé les séquences des instruments pour obtenir des couches très denses. J’ai également utilisé le logiciel Audiosculpt (contrôlé par Patchwork) pour la dilatation et le filtrage des sons.
Hans Tutschku.