Iôa a été composé à la demande de Catherine Bolzinger à qui la pièce est dédiée et qui en a assuré la création avec l'Ensemble Vocal Féminin du conservatoire de Strasbourg. Il s'agit d'une pièce très courte basée sur les rituels magiques. Les invocations sont d'ordre érotique : ont ainsi été choisis des poèmes extrêmement morcelés de Sapphô (dont la version traduite en français a été délibérément choisie pour son caractère étrange et difficilement classifiable, notamment au nouveau de la datation), des extraits de textes très « universitaires » décrivant le déroulement habituel desdits rituels, ainsi que des formules magiques déchiffrées sur des papyrus. Iôa est donc un rituel imaginaire, inspiré des atmosphères quasi oniriques des incantations et invocations divines, ainsi que des états de transe et d'extase qui accompagnent ses protagonistes. Certaines musiques me viennent à l'esprit quand j'évoque ces phénomènes, comme de nombreuses cérémonies africaines, voire les mélismes d'un Nusrat Fathé Ali Khan ou plus indirectement les longs ragas indiens.
Musicalement, la pièce est un unique crescendo dynamique et rythmique (sans que l'on sente de pulsation toutefois), ce qui est le trajet commun d'un rituel : les incantations formulées par la foule accompagnées de percussions qui rythment le rituel (ici les crotales sont discrets et ont une fonction métaphorique), la répétition obstinée qui génère la transe, et enfin l'acmé suivie de l'extase, sont autant de caractéristiques qui ont leur place dans Iôa. De plus une large gamme de traitement de la voix est employée : de la voix chantée (sans aucun vibrato !) à la voix parlée, en passant par les transformations de voyelles et les bruits « parasites » (voix chuchotée).