[K]nock [O]ut est une œuvre qui aurait pu s’intituler « Description d’un combat » comme le premier livre de Kafka. Un combat qui n'admet ni victoire ni défaite, et qui cependant ne peut s'apaiser ni prendre fin. Peu importe les raisons qui le motivent, le combat se dévoile sous des formes telles que la confrontation verbale, le débat, l'affrontement sportif, les disputes conjugales ou encore des expressions plus extrêmes comme la guerre. Cette confrontation, violente ou non, très courante entre les différentes cultures et civilisations et à l'intérieur même de chaque culture, est aussi présente à l'intérieur de chaque être, car elle est au cœur de la problématique de l'identité. Le combat porte une énergie brute que j'ai voulu explorer en opposant différentes situations sonores. Ces différences sont traduites en musique par l'opposition de registres, par des polyrythmies entre les différents groupes d'instruments, par des oppositions de caractère musical parfois hystérique, parfois animal, parfois bipolaire ; un parcours sonore qui se développe à travers l'œuvre dans un rapport théâtral, en utilisant des combinaisons étranges, des modes de jeu instrumentaux, souvent en distorsion.
Dans [K]nock [O]ut, deux forces sont représentées par deux ensembles instrumentaux différents, séparés spatialement à gauche et à droite de la scène : le premier est composé exclusivement d'instruments à cordes en opposition au deuxième ensemble composé uniquement d'instruments à vent, y compris l'accordéon.
L'œuvre est divisée en six sections enchaînées sans pause :
- [K]nock [O]ut
- Una mujer histérica en estado de trance
- Interlude 1
- Phase / Out of phase
- Interlude 2
- Simbiosis caótica
Dans le titre de l'œuvre, [K]nock [O]ut, les lettres initiales ont été mises entre parenthèses ; on peut y entendre aussi le mot "chaos" car Knock Out débouche sur un conflit intérieur propre à chacune des forces qui s'affrontent : l'état chaotique et d'incertitude du vaincu, où la notion de réalité est effacée après un coup violent, et l'état de joie contradictoire du vainqueur qui réussit à dominer par la force, et non pas par la raison. L'identité se révèle ainsi dans la confrontation avec l'autre, qui crée finalement une dépendance, une symbiose nécessaire de survie.
Luis Rizo-Salom.