De temps à autres, des sons anciens me reviennent comme un écho dans ma tête : veulent-ils se rappeler à ma mémoire ? Je les soupçonne, obstinés, de manifester une fois encore leur présence. Leur insistance me le confirme. Ils reviennent en piste, semblables à eux-mêmes, mais acceptent éventuellement d’être maquillés, transformés — ou encore métamorphosés et plongés tout vifs dans un nouveau contexte, donnant ainsi naissance à de nouveaux confrères tout aussi sonnants. Sons enfoncés, mais non pas engloutis dans la mémoire : qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Où vont-ils ?… D’origine ordinaire, mais attachants, c’est depuis l’enfance ou l’adolescence que les sons de la nature “colimaçonnent” dans le creux de mes oreilles et se fraient un chemin… Cloches proches ou surtout lointaines “crescendotent” et “décrescendotent” selon la direction et la vitesse du vent… Les galets qui roulent dans le lit de la rivière qui les pousse… Le cliquetis “ferraillant” de la chaîne du puits remontant le seau d’eau trop plein de gouttes…
Non moins présents sont les sons “créés de toutes pièces”, (artificiels pour tout dire), ceux de mes réalisations passées ou récentes. Ils ont vécu, et peuvent revivre autrement. Les sons ne sont pas figés, et ne doivent pas l’être pour l’éternité. On peut les reconnaître sans devoir les resituer dans un contexte identique. Les sons du passé contribuent à composer le présent.
Bernard Parmegiani.