Le piano n'est plus — s'il l'a jamais été — l'instrument d'une confidence personnelle. Il est devenu, au XXe siècle, celui des matrices formelles. A la virtuosité romantique a succédé une conception percussive et combinatoire du clavier. S'opposant à cette tendance propre à la composition, les pianistes ont développé pour leur part un art de l'interprétation qui intègre les masses, la profondeur, la fluence, la couleur et plus encore la fusion des teintes en un camaïeu propre à exprimer les plus subtils replis de la psyché. Chez les plus grands d'entre eux, les tensions ne sont plus résolues mais transcendées, portées à un plan supérieur, avec une intensité visionnaire : tel est l'art de Richter. Alors que les compositeurs poursuivaient un dessein analytique, les interprètes recherchaient une plénitude différenciée.
C'est au dépassement de cette antinomie que je voudrais contribuer au piano. Sans méconnaître l'apport essentiel du constructivisme et la portée grandiose des édifices volontaristes du XXe siècle, il me paraît opportun d'élaborer aujourd'hui un langage pianistique capable d'intériorité et de synthèse, et apte à tirer parti de cet art du toucher qui s'est si nettement affiné au cours de ce siècle. Il me semble qu'à cet égard les interprètes ont constamment donné aux compositeurs l'exemple de l'art accompli.
Hugues Dufourt.
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