Deux harpes face à face, mais à une certaine distance cependant. L'une envoie les sons à l'autre, rapidement ; dans la résonance même de la première. Cela donne un va-et-vient véloce, mais aussi des « battements » de par la superposition de résonances multipliées. Il y a également des traits violents lancés par une harpe, mais leurs sommets se trouvent ponctués par l'accord de l'autre.
Les phrases sont, au départ, assez courtes et systématiquement entrecoupées par des arrêts. Elles s'allongent au fur et à mesure de leurs apparitions successives, pour mener, peu à peu, vers des plages plus longues, plus larges, plus vastes. Une grande variété de sons peut alors se déployer. Les dynamiques y sont fixées dès le départ et restent, à quelques exceptions près, volontairement non évolutives — les contours nets sont ainsi assurés.
La forme globale de la pièce se construit par accumulations d'états différents sinon par éruptions qui se déclenchent souvent : les deux harpes s'y confrontent alors et se heurtent violemment, dans un grand désordre parfois. Mais l'ordre des dialogues stricts essaie toujours de rétablir la lisibilité de la forme.
Piéris est une commande du Festival Estival de Paris (1985), et a été créé par ses dédicataires, Francis et Fabrice Pierre. D'où le titre.
Ivo Malec.