Cette pièce, composée en 2005 et crée par l’Orchestre Lyrique du Conservatoire sous la direction de Pascal Rophé lors du festival présence de Radio France, a été ma première pièce pour orchestre à explorer le principe de saturation instrumentale. On y trouve en effet certaines techniques qui seront developpées plus tard dans mes autres pièces et que je nomme aujourd’hui « saturation instrumentale généralisée ».
Cette technique instrumentale consiste à se rapprocher d’un son électrique saturé mais avec des solutions uniquement instrumentales. Les résultats ainsi obtenus n’offrent que de troublantes ressemblances avec la saturation électronique. Le modèle jamais atteint ne propose donc que des possibilités d’écritures pour les instruments qui trouvent ainsi leurs propres modes de saturation, leurs propres identités.
Dans Rage In The Heaven City, ce principe s’applique ainsi à quatre paramètres distincts :
1) Saturation du timbre (multiphoniques son écrasé....)
2) Saturation de l’espace frequenciel (cluster, harmonie)
3) Saturation rythmique (par accélération de la pulsation jusqu’à la masse sonore)
4) Saturation de l’intensité (nuances extrêmes)
Ces quatre paramètres entretiennent entre eux des relations d’interdépendance. Liées par le même matériaux, leurs couleurs évoluent tout au long de la pièce.
Le travail sur la saturation instrumentale généralisée trouve aussi un écho plus personnel. Le saturé, c’est un excès de matière, un excès d’énergie et un excès de timbre. L’excès, c’est le trop plein, la recherche d’une énergie indomptable, d’une forme de liberté dont le cadre précis de l’écriture n’est qu’un prétexte à une sur-expressivité.
Rage In The Heaven City est dédiée à la mémoire de Fausto Romitelli.
Raphaël Cendo.