Se peut-il qu’une œuvre – une musique – qui contienne en elle – et arbore – une idée du Jeu, et ses intrigues et ses détours, jusqu’à mettre en scène dans leurs déplacements les musiciens qui l’interprètent, se peut-il que cette musique témoigne corrélativement d’un souci plus vaste du monde auquel elle participe inévitablement ?
Autrement dit, n’y a-t-il pas dans toute tentative artistique le souci conjugué du jeu et de la conscience du monde ? J’ose penser que oui dans la mesure où l’élaboration d’une forme – et donc d’une certaine qualité de temps musical – porte la gageure d’une expérience d’un temps plus indéfectible.
S’il y a tant d’allers-retours dans la musique que j’écris, tant de détours, de pas arrière, d’inserts, c’est que je crois – et veux soutenir – que notre temps quotidien n’est pas linéaire, mais courbe et labyrinthique.
Sables de vieux os se divise en 5 parties, chacune étant le « lieu » d’un tempo multiple de 17, et fait appel à 7 figures d’écriture : arpèges en octave ; grappe de doubles croches alternant binaire et ternaire ; rythme pointé répété associé à un accord ; échelles descendantes en mouvement rapide ; petits groupes appogiatures ; accords répétés dont la vitesse est associée aux tempi principaux ; sons sans plus de rythme, obtenu par divers frottements (peaux, métaux cordes du piano…)
Jérôme Combier.