J'ai toujours été fasciné par les silhouettes, les profils, les contours qui stimulent l'imaginaire et décuplent souvent le désir en conséquence. De plus, tout ce qui touche à la notion de ligne ou au mouvement a dans mon travail une forte résonance, déjà inscrite dans des titres comme Entrelacs, Volubile (dans son acception botanique), Zigzag Études.
Le croquis ou l'esquisse pour leur part, contiennent bien souvent le pressentiment de l'ouvrage à venir tout en gardant leur indépendance. On peut aussi retourner la proposition et faire d'un tout un geste schématique, concentré et qui résume toutes les parties qui le constitue. Cette double notion de « devenir » et de résumé m'a inspiré ces silhouettes pour orchestre à cordes, dont le développement est le choix d'une direction possible contenue dans la proposition initiale et dont le tout est aussi contenu dans cette même proposition.
J'ai souhaité par ce titre faire de cette fascination et de cette réversibilité de point de vue toujours imminente un hommage à la personne qui m'est la plus chère. Quotidiennement, nombre de ces images fugaces s'impriment dans ma mémoire, et j'en remercie secrètement celle qui partage ma vie, en la « croquant » ainsi musicalement en quelque sorte. Ces silhouettes sont l'évocation d'une mémoire des formes. Ce n'est pas d'un « portrait en musique » qu'il s'agit, mais bien de la mémoire de lignes, d'un style, qui dans sa différence fait désormais partie de moi.
Yan Maresz.