The Sirens Cycle est le développement d’une idée opératique portée par une voix de soprano constamment accompagnée par un quatuor à cordes présent à la manière d’un chœur. À l’origine de cette composition, il y a un texte absurde de Kafka, Le Silence des sirènes. Un sujet qui m’a tellement occupé que j’y ai ajouté par association les évocations des sirènes chez Joyce et Homère. C’est ainsi qu’a vu le jour un cycle en trois volets aux caractéristiques bien différentes, mais qui, par leur polychromie, incarnent une seule et même idée : le chant, ou plutôt le silence des sirènes. Les langues exercent une influence majeure sur le style de mes compositions. Dans Korrespondenz, j’ai mêlé le dialecte salzbourgeois à des traits propres à la langue française. Dans The Sirens Cycle, le matériau musical se métamorphose en fonction de la langue d’origine des différents auteurs. Le premier mouvement, JOYCE, donne à entendre de l’anglais, le deuxième, HOMER, du grec ancien, et le troisième, KAFKA, de l’allemand. La musique est un langage universel. Une grande partie des travaux préparatoires à la phase de composition a eu lieu à Paris, à l’Ircam. J’y ai analysé le spectre, la dynamique et la durée des textes déclamés de Joyce, Homère et Kafka. Le résultat était d’une beauté parfaite, avec de riches coloris. Je l’ai ensuite transposé à la voix et aux instruments.
Peter Eötvös (2016)
Note de programme du concert du 12 octobre 2016 au Centre Pompidou.