A la suite des reprises de mes Cris de Marseille par l'ensemble Musicatreize et par Les Jeunes Solistes, la scène nationale de Valenciennes, Le Phénix, m'a proposé d'écrire pour Dominique Visse et son ensemble Clément Janequin pour un concert en hommage à Claude Lejeune.
La confrontation d'une création avec un univers vocal éloigné du nôtre est une démarche que j'affectionne depuis plusieurs années. L'ensemble vocal Jachet de Mantoue créa l'année dernière une messe de Josquin des Près dont nous est parvenu uniquement le Credo et que j'avais alors reconstruite. Puis l'ensemble vocal californien Chanticleer me commanda un hommage à Hildegarde von Bigen. J'avais auparavant composé un Laudate Dominum, interprété entre plusieurs antiennes, pour Pierre Cao et son ensemble Arsys Bourgogne.
« Une Puce j'ay dedans l'oreille, hélas ! », poème à double sens et, comme les suivants, mis en musique par Claude Lejeune à la Renaissance, utilise une technique d'écriture en « hochet ». Par des balancements mélodiques, les chanteurs imitent les sauts de ladite puce.
« Perdre rien plus je ne pourroy » nous parle du dépit amoureux. C'est un poème triste qui m'amène à utiliser un motif en tierces descendantes qui évoque Mondes cachés de mon Premier Livre pour piano et à travailler sur les hémioles (la division métrique par deux en ternaire, ou inversement la division rythmique par trois en binaire).
Enfin, « Je file mieux quand on me donne de quoy », d'esprit léger (très « Kings' Singers »), sur un texte – encore une fois – à double sens, renoue avec la chanson à boire et convoque une écriture homophonique construite sur une toute petite ritournelle.
L'ensemble Clément Janequin créera la version avec accompagnement d'orgue et luth. Ces trois chansons sont dédiées au grand maître Dominique Visse.
Régis Campo, éditions Lemoine.