informations générales

date de composition
2000
durée
18 min
éditeur
Schott
Cycle
Voyages

genre

Musique concertante (Autre clavier et ensemble)

effectif détaillé

Soliste(s)
accordéon

flûte (aussi flûte piccolo, flûte alto, flûte basse), hautbois (aussi cor anglais), 2 clarinettes (aussi clarinette basse), basson, cor, trompette, trombone, tuba, 2 percussionnistes, harpe, piano (aussi célesta), violon, violon II, alto, violoncelle, contrebasse

informations sur la création

date
5 décembre 2000

France, Paris, Cité de la musique, salle des concerts

interprètes

Stefan Hussong : accordéon et l’Ensemble intercontemporain, direction : Markus Stenz.

Note de programme

Comment entendre les sons de la nature ? Toshio Hosokawa se réfère volontiers à un haiku de Bashô : « Calme et serein / Le son de la cigale / Pénètre le rocher. » La stridence de la cigale à la fin de l’été entre, vide et obsédante, dans la plénitude de la pierre qu’elle emplit de son calme. Nous écoutons l’énergie d’un environnement sonore vivant. Mais composer, c’est surtout écrire un son exprimant le retrait ou l’absence de tous les autres. C’est écrire un son traversant son propre silence et reflétant un monde d’abondance : « Le son et le silence ne sont qu’un. Un son profond possède un silence profond, et réciproquement. » Dans cette profondeur, le son, à la surface du langage musical, s’extrait du magma pour y retourner, à l’image de l’océan. Tout traduit une rumeur de la nature, presque spontanée, presque intuitive, la « vapeur d’eau d’un délicat nuage ». Et Hosokawa d’évoquer les nuages de couleurs de Rothko ou ceux qui disparaissent à l’horizon dans les toiles de Turner. La musique est devenue nature, authentique paysage sonore.

Les liens entre les motifs et les trames sonores, mais aussi la division entre accordéon et ensemble dans Extasis correspondent aux liens entre dessin et nature, homme et univers, vie et mort, rêves et réalités. Mais le son en tant que dessin ne peut exister sans ériger de plans, sur des niveaux différents toutefois, comme un modèle de l’univers visant une synthèse. Il nécessite un espace où se déploie cette ligne, sen, à laquelle revient souvent Hosokawa. Les plans se confondent et la trame sonore définit un espace à parcourir. Extasis, ce qui hors de soi, dans l’exaltation, témoigne d’une inspiration taoïste, où le conflit du yin et du yang atteint une harmonie, l’Un, et où les souffles de l’accordéon et de l’ensemble, celui du vent et de la respiration, s’unissent.

Dans la calligraphie Zen, le geste ne commence pas sur le papier, mais dans l’air, où la main devra retourner. Une ligne importe moins que la concentration qui libère le geste. Le ma, l’interstice, est cet espace plein et dense laissé à sa blancheur, auquel il serait aisé de tout rapporter : interstice entre shô [orgue à bouche] et accordéon, entre consonance et dissonance, entre fort et faible, entre haut et bas, entre Orient et Occident... Cet interstice, silencieux, où les lignes parallèles suscitent d’infimes variations de rythme, de hauteur, de registre ou de phrasé, est la trame de cette musique et de ses fluctuations harmoniques. L’enchevêtrement de ces lignes perpétue la métaphore visuelle de la calligraphie. Hosokawa révèle alors l’influence des concepts fondamentaux du Gagaku, l’ancienne musique de cour, où la plénitude du shô s’oublie derrière l’ensemble instrumental.




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