Where the Vision Bleeds (2025)

Musique de chambre (Trio de vent(s) et cordes)

Cette œuvre, écrite pour trompette, guitare électrique et flûte basse, cherche à réunir ces trois univers sonores grâce à l’électronique en temps réel et à la bande multicanal. L’électronique n’y agit pas comme un bloc opposé, mais comme une structure qui accompagne les instruments et les absorbe dans une texture commune.

La guitare électrique occupe un rôle central, transformée par IANA, un logiciel qui décompose et recompose
le son, jusqu’à lui donner parfois une dimension quasi synthétique. Elle acquiert ainsi une couleur nouvelle, dépasse sa propre identité, se fond dans les couches électroniques et génère des timbres inédits orientés vers le mélange avec la bande. L’univers sonore évoque la dissolution d’une vision : les contours glissent, les couleurs se pénètrent, les sonorités oscillent entre flou et netteté, ouvrant un champ perceptif en constante transformation. Le flux n’impose pas une forme unique, mais laisse le son exister dans ses métamorphoses successives.

Le titre Where the Vision Bleeds désigne cette expérience : la vision se défait, se fragmente puis se recompose. Entre clarté et dissolution, les images se transforment, et l’univers mélodique oscille entre lyrisme et étrangeté, offrant à l’auditeur un espace poétique marqué par une troublante familiarité.

Emre Eröz, note de programme du concert Cursus du 10 septembre 2025 à l'Ircam, Espace de projection.