Le titre Antiphon se réfère aux deux aspects essentiels de l'œuvre : sa dimension sonore et sa dimension structurelle.
La sonorité particulière de l'œuvre prend sa source dans le contrepoint synchronisé des deux quatuors à cordes dont l'un joue « live » sur scène, tandis que l'autre a été transformé électroniquement dans un studio et enregistré sur bande.
La structure d'Antiphon repose sur l'idée suivante : créer un lien entre le Centre Georges-Pompidou, qui doit représenter l'art de notre temps et l'École de Notre-Dame qui, au XIIIe siècle, a rayonné sur toute l'Europe. J'ai réalisé cette idée à l'aide de la théorie de l'information de Abraham A. Moles, qui a découvert le critère de la hiérarchie de signes comme condition essentielle non seulement pour la communication musicale mais aussi pour toute forme de communication. L'une des formes les plus anciennes d'une hiérarchie de signes organisée de façon rationnelle est représentée par le Chant Grégorien. Ainsi, j'ai projeté une série de quarante-deux tons, construite comme une hiérarchie évidente qui joue le rôle d'un « Code génétique ». En effet, les intervalles de cette série de tons sont transmis d'après certains principes aux paramètres des durées, des couleurs sonores ainsi qu'à toute la structure du temps de l'œuvre ; celle-ci, en conséquence, consiste en quarante-deux séquences de longueurs différentes de 4 à 88 secondes.
Vers la fin de la pièce le « Code génétique » apparaît à la surface : joué en unisson par le violon et le violoncelle.
York Höller.