Il s'agit d'une composition que l'on pourrait décrire approximativement comme ayant une forme en arche. En effet, elle est constituée d'une augmentation progressive d'éléments qui sont poussés à l'extrême jusqu'à leur effondrement qui s'annonce d'abord par des arrêts et des vides isolés. Cette forme en arc de cercle est le résultat d'une forme de composition complexe, orientée selon un procédé.
Lors de l'élaboration de sa composition, Kyburz a utilisé les algorithmes et les fractales, comme il le fait régulièrement dans ses œuvres. L'ordinateur lui permet non seulement une aide pour la formulation exacte de sa conception mais en plus, il lui permet de réaliser des tests et des prototypes. Cette conception génère l'application de certaines règles plutôt qu'une évolution plus traditionnelle de motifs et de thèmes par modifications, répétitions et contrastes. La forme globale peut, du fait de cette conception, être produite à partir d'éléments isolés. En suivant le cheminement, on constate des passages d'éléments de l'arrière-plan vers l'avant-plan et inversement, et ce sous des formes différentes. La conception algorithmique et fractale de Kyburz produit une structure arborescente où la relation entre la macro – et la microstructure se dévoile clairement. Chaque passage d'éléments se caractérise par un timbre propre, ce qui éclaircit la forme, alors que l'oscillation entre les deux plans entraîne une désorientation suggestive et des changements incessants de perspective. On peut comparer la situation musicale qui ressort de ces passages transformés entre l'avant – et l'arrière – plan aux effets du mouvement rapide d'une caméra.
Tout cela éclaire la signification du titre et va à l'encontre des théorèmes des constructivistes radicaux en ce qui concerne l'hermétisme intrinsèque d'un système complexe.
d'après Sabine Saino.