Pockets of Space nous plonge au cœur de la trame du réseau complexe d’interactions entre notre conscience, nos systèmes de calculs et notre environnement physique. Fusionnant son et images en 3D, l’œuvre s’étend, détale, se convulse, se fracture, se tord et se déforme.
Où que l’on porte son regard ou son oreille, des points et des lignes de lumière et de son s’entremêlent en réseaux qui ne cessent de se métamorphoser, parfois graduellement et parfois abruptement, comme si le monde toute entier avait soudain cligné des yeux.
Certaines formes flottent dans l’espace hors de portée tels les fruits de l’arbre de Tantale, tandis que d’autres apparaissent pour dériver instantanément, comme nous traversant l’esprit. Les sons s’amassent, parfois nous enveloppant, traversant directement les corps. Les organismes musicaux se bousculent avec fracas, puis reviennent à des sons purs, avant de se dissoudre pour reconfigurer les dimensions de l’espace.
L’échelle de ce à quoi l’on assiste nous échappe : est-ce microscopique ou galactique ? Parfois on croit contempler le système nerveux d’une forme de vie inconnue, et d’autres fois c’est une lente explosion que l’on croit deviner, suivie d’une dérive dans l’espace.
Étayant ce spectacle immersif, on a le sentiment d’un code, d’une média- tion, d’une forme de décryptage : nous sommes conscients que tout ce que nous voyons et entendons – les géométries improbables et les dynamiques excentriques tant du son et de l’image – nous provient du monde des nombres.
Et pourtant, dans le même temps, on a le sentiment du contraire : que ces visions informatiques d’un autre monde sont d’une manière ou d’une autre convoquées par l’observation attentive du réel ; une relation qui nous est révélée à la fin, lorsqu’on voit l’œuvre se matérialiser dans la réalité.
Dans sa forme installation scénique présentée dans la Grande salle du Centre Pompidou, Pockets of Space combine une diffusion sonore haute définition en 3D, via un hémisphère constellé de 64 haut-parleurs, ainsi qu’une projection vidéo en 3D. Dans sa forme en réalité virtuelle, présentée dans l’exposition « Coder le monde » (Galerie 4, Centre Pompidou), la pièce associe son binaural 3D interactif et imagerie immersive générée en temps réel.
Jérémie Szpirglas