Tentatives de réalité se constitue en une grande arche d’énergie sonore presque continue. L’électronique amplifie les caractéristiques sonores de chaque type de mode de jeu et finit par se constituer en un « corps solide » indépendant de l’instrument, en un nouveau vecteur constituant de la pièce. Grâce au réseau de rapports tissés entre le geste de l’instrumentiste et le résultat sonore, l’auditeur se trouve comme propulsé à l’intérieur du son, faisant corps avec le violoncelle et s’appropriant presque l’énergie du geste instrumental. Son écoute partage avec l’instrumentiste la tache colossale de reconduire toute l’énergie musicale et sonore qui a été dissipée vers sa source d’origine (le violoncelle). Ainsi, les éléments sonores et visuels se voient unis en se renforçant mutuellement et déformant plus fortement le temps perçu par l’auditeur.
L’électronique relève principalement du traitement en temps réel du son du violoncelle mais aussi de l’articulation multiple d’un grand corpus de particules sonores très variées qui sont attachées par des familles à chaque type de geste, à chaque mode de jeu. L’électronique est pilotée par des différents capteurs mécaniques et sonores (accéléromètres 3D, suiveur d’enveloppe, yin~ et facteur de qualité du son, centroïde spectrale...) L’utilisation de la synthèse granulaire et de réseaux de retards variables active la déconstruction temporelle et gestuelle du matériau instrumental. Une synthèse basée sur l’utilisation couplée d’une analyse spectrale et de filtres résonants crée un nouvel espace timbral tout en développant jusqu’à la limite le geste qui lui a donné naissance.
Cette pièce est une tentative de se « rapprocher esthétiquement » à la physique du geste instrumental au moyen de son analyse et de son écriture, sur la partition (née d’une catégorisation exhaustive des possibilités de jeu au violoncelle) et dans l’électronique.
…une tentative de palper de plus près cette réalité temporelle qui donne corps à la musique, cette dimension presque magique qui habite notre écoute…
Hèctor Parra.