John Zorn ou l’abolition des frontières entre musiques savantes et actuelles 34:25
- Musique savante/musiques actuelles : articulations
- Dec. 16, 2014
- Ircam, Paris
- Program note: Musique savante, musiques actuelles
Participants
- François-Xavier Féron (conférencier)
Rares sont les artistes qui parviennent à s’illustrer non seulement dans le domaine de la musique dite « savante », de tradition écrite, mais aussi dans celui des musiques dites « actuelles », regroupant des genres aussi différents que le jazz, le rock, la chanson... et leurs multiples ramifications. La production de John Zorn est en cela tout à fait remarquable. Partant de l’exploration de cette grande variété de pratiques musicales – sans se soucier, dit-il, des attentes de son public – Zorn repousse sans cesse les frontières de l’art pour construire une œuvre radicale et profondément originale, comprenant moult versants (classique, électronique, jazz, improvisa- tion libre, punk, hardcore, easy listening...). Il n’est pas question ici de chercher à cataloguer les œuvres de Zorn, entreprise qui s’avérerait aussi inutile qu’impossible, mais plutôt de proposer un réseau de connexions entre elles en tenant compte des sources d’inspiration, du matériau musical et des techniques compositionnelles qui les caractérisent. Nous nous interrogerons alors sur l’attitude post-moderne du compositeur au regard de l’aspect hybride de sa production musicale. Pour cela nous nous appuierons sur quelques-unes de ses récents projets : l’opéra en trois actes Astronome (2006) écrit pour le trio explosif et résolument rock formé de Joey Baron (batterie), Trevor Dunn (basse) et Mike Patton (voix); sa série d’œuvres dites «mystiques» portée par le Gnostic trio formé de Carol Emanuel (harpe), Bill Frisell (guitare) et Kenny Wollesen (vibraphone); ses dernières œuvres de musique de chambre qui peuvent être accompagnées ad libitum par une rythmique comme dans Ceremonial Magic (2011) pour violon, Ouroboros (2014) pour deux violoncelles ou encore les pièces qui figurent dans l’un de ses derniers albums, In The Hall Of Mirrors (2014) où la partie de piano interprétée par Stephen Gosling est entièrement écrite alors que Tyshawn Sorey (batterie) et Greg Cohen (contre- basse) improvisent librement par-dessus.