• Set Séminaires MaMuPhi
  • Saison 2017-2018 - None - None > Mathématiques, philosophie et musiques actuelles
  • Nov. 18, 2017
  • Ircam, Paris
Participants
  • Roger Pouivet (conférencier)

Dans mon livre Philosophie du rock (PUF, 2010), je parle d’un ami pour lequel un enregistrement ne pouvait pas être une œuvre musicale (p. 27-28). Frédéric Bisson, dans La Pensée rock dit : « Qui reproche à un enregistrement de ne pas être un concert ? » Cet ami, pour Frédéric Bisson, aurait été un « idiot », faisant une erreur sommaire de catégorie. Certes, c’était une erreur de catégorie, mais elle n’avait rien de sommaire. La musique a été ontologiquement bouleversée par l’enregistrement, ce n’est pas rien ! Beaucoup de gens pensent qu’un enregistrement est un pis-aller, et que la musique doit être « vivante ». Nous avons ainsi bien du mal à accepter qu’une œuvre musicale ne soit pas quelque chose au-delà de son enregistrement, et accessible, au moins en droit, indépendamment de lui. Mon ami posait ainsi un problème crucial, celui de l’authenticité des enregistrements. Il avait tort de penser que les enregistrements manquent d’authenticité, et j'expliquerai pourquoi, mais non, il n’était pas idiot !

Mathématiques, philosophie et musiques actuelles

Cette séance est consacrée à la popular music, terme dont l'équivalent français serait celui de « musique populaire enregistrée », comme le suggère Agnès Gayraud, ou « musiques actuelles », si l'on se tient à une classification institutionnelle et académique, désignant à la fois le rock, la pop, le jazz et la chanson. Bien que considérées traditionnellement en opposition à la catégorie de musique savante, autour de laquelle et sur laquelle s'est concentrée l'analyse musicale - de la naissance de la musicologie systématique chez Guido Adler jusqu'à la musicologie générale de Jean-Jacques Nattiez - les musiques dites « actuelles » constituent le terrain idéal pour confronter des orientations philosophiques que l'on n'a pas l'habitude de faire dialoguer. Loin de s'opposer ou, pire, de s'ignorer, philosophie analytique et philosophie continentale peuvent trouver dans la popular music un objet d'étude singulier sur lequel comparer leurs propres méthodes avec un double regard, à la fois sur l'enregistrement mais aussi sur l'acte créatif sousjacent. On glissera ainsi progressivement de l'enregistrement à l'analyse formelle des processus compositionnels à travers deux démarches créatives, l'une puisant ses sources dans une philosophie critique et l'autre inspirée directement d'une activité de recherche autour de la formalisation mathématique.

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