Extraire la lumière du noir absolu : le compositeur espagnol Alberto Posadas a été marqué par l’exposition consacrée par le Centre Pompidou à l’œuvre de Pierre Soulages en 2009. L’opacité engendre des effets de luminosité intense et de transparence. Ce paradoxe visuel est transféré à la musique : plus de couleur unique, mais une matière vibrante. Le noir habite toute l’œuvre de Posadas – son cycle Sombras, les Quatre scènes noires d’après Goya… Tenebrae qui mêle voix, instruments et électronique, s’inspire de l’Office des Ténèbres, sans être une œuvre religieuse comme les Responsories de Tomás Victoria, le grand polyphoniste de la Renaissance espagnole. Par leur symbolique et leur symbolisme, les extraits de Novalis, Stefan George et Rilke retenus par Posadas entrent en résonance avec la trame latine de la liturgie. Et, comme dans les chœurs de la Renaissance qui jouent sur la dynamique de « responsoria », la voix et l’électronique sont les protagonistes d’une écriture intégrale de l’espace.