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Composed by Patricia Alessandrini , concert on July 20, 2007
Cette pièce est basée sur une technique, à l’origine picturale, mise en œuvre par Gerhard Richter depuis une vingtaine d’années : une couche d’un tableau est presque entièrement recouverte par une couche supérieure plus dense. La première couche peut consister en une image, comme un paysage, qui reste reconnaissable quoiqu’elle soit presque intégralement tue ; ou bien la partie antérieure du tableau peut être visible seulement sous forme d’interstices de couleur perçant un vaste extérieur noir. J’emploie cette technique en réaction contre le flot constant d’images et de sons commerciaux dans les espaces publics et privés, car l’acte d’appréhender les sons me semble être le contraire exact du mode passif par lequel nous subissons ce flux. Ici, le matériau de la première couche consiste en une « relecture » de la Suite Lyrique d’Alban Berg, choisie pour son importance historique comme pour sa place de choix dans le répertoire du Quatuor Arditti. Dans cette relecture, le texte de Baudelaire auquel Alban Berg faisait référence – De Profundis Clamavi, extrait des Fleurs du Mal – est réintégré dans la musique même à l’aide du dispositif électroacoustique.
De Profundis Clamavi est dédié au Quatuor Arditti.
Je tiens à remercier Eric Daubresse, Thomas Goepfer, l’équipe de l’Ircam, et l’administration d’Acanthes pour tout leur soutien.
Charles Baudelaire De profundis clamavi
J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime,
Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé.
C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème;
Un soleil sans chaleur plane au-dessus six mois,
Et les six autres mois la nuit couvre la terre;
C’est un pays plus nu que la terre polaire
— Ni bêtes, ni ruisseaux, ni verdure, ni bois!
Or il n’est pas d’horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos;
Je jalouse le sort des plus vils animaux
Qui peuvent se plonger dans un sommeil stupide,
Tant l’écheveau du temps lentement se dévide!
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