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« Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément - rapport que supprime une simple vision cinématographique, laquelle s’éloigne par là d’autant plus du vrai qu’elle prétend se borner à lui - rapport unique que l’écrivain doit retrouver pour en enchaîner à jamais dans sa phrase les deux termes différents ».
Dotant l’écrivain de cette mission singulière, Marcel Proust invoque plus encore la possibilité d’une écriture complexe du temps, tout à la fois mémoire et amnésie créatrice, celle qui hante précisément le cinéma et fonde la temporalité musicale.
Cette injonction proustienne, le réalisateur Raoul Ruiz, auteur d’un “Temps retrouvé”, l’a intégrée dans sa vaste filmographie. Son interlocuteur, Jean-Pierre Dupuy, interroge à son tour les télescopages des temps, convoquant Henry James ou le Hitchcock de Vertigo. Le troisième invité de la rencontre, l’écrivain Renaud Camus, aura fait des “passages” des temps, un style et une chronologie, un journal et une forme privilégiée, l’églogue, capable de s’ouvrir et se propager en tout point. L’ultime mot du symposium sur la complexité revient à la musique de Berio et aux rires de sa “Sequenza III”, théâtre de la voix affectée du multiple.
Luciano Berio, “Sequenza III” pour voix, par Johanne Saunier.
Brian Ferneyhough, “Cassandra Dream Songs” pour flûte, par Mario Caroli
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