Avant de vous consacrer à la musique, vous avez étudié les mathématiques, et même essayé la peinture : comment ces expériences ont-elles façonné votre approche de la composition ?
Ce passé scientifique explique sans doute pourquoi, une fois décidée pour la composition, je me suis tournée vers les systèmes mathématiques. Mes pièces ne sont pas à proprement parler construites sur des systèmes algorithmiques, mais ce sont comme des illustrations des beautés que dégagent pour moi les mathématiques. Nul besoin toutefois de les connaître ou les maîtriser pour apprécier ma musique. Cependant, j’ai pu constater que la plupart des pièces que j’aime nourrissent aussi l’esprit et le cerveau. J’apprécie encore plus une œuvre musicale si l’idée qui la régit est belle.
Mon expérience des mathématiques m’a aussi naturellement menée à la composition et la synthèse électroniques, et donc au Cursus de l’Ircam qui en est le haut lieu.
Votre pièce s’intitule BOX : pourquoi ?
Pour moi, l’art est un piège, et le concert plus encore – car, au musée, on peut fuir ! Mais c’est un piège bienfaisant. Cela peut paraître un peu masochiste comme posture, mais on a parfois besoin d’être contraint à rester assis, pas forcément très confortablement, pour apprécier une œuvre à sa juste mesure. On peut détester les cinq premières minutes, puis se laisser aller, se laisser captiver, et commencer à aimer au bout de dix.
Toute la pièce tourne donc autour d’une boîte, que nous avons fabriquée – la boîte étant une métaphore du piège. Sur ses faces sont projetées des images, mais la boîte a aussi servi, et sert encore au fil de la performance, à la production du matériau sonore grâce à des micros de contacts. Cela me permet de donner le sentiment au public d’être enfermé dans la boîte, voire que la salle toute entière est contenue dedans, en créant une acoustique quasi claustrophobique. Peu à peu, la boîte semble rapetisser tandis que les sons qui l’habitent deviennent cacophoniques.