Composée en 2001, Ektra (du grec signifiant « haine », mais aussi jeu de mot avec « électrique ») est constituée de trois très courtes pièces ayant pour point commun une virtuosité extrême, exigeant de la part de l’interprète des moyens techniques très solides, ainsi qu’un caractère éminemment violent et hargneux ; les deux premières pièces développent chacune un aspect précis qui sera réutilisé dans la dernière (Velocissimo, molto teatrale), qui est elle-même tirée des Trois Arcanes (1996-1997).
Dans la première pièce, Prestissimo con odio, il s’agit d’un arpège montant brutalement, en legato, vers le registre suraigu ; cet arpège, sur toute la longueur de la pièce, tend à se raccourcir pour finalement se métamorphoser en des envols volubiles et brillants.
Dans la seconde pièce, Prestissimo virtuoso ed elettrico, il s’agit d’un continuum infléchi de minuscules variations de timbre et de hauteur, évoluant vers une figure chromatique de la synthèse finale, qui se trouve férocement interrompu par des arpèges descendants.
Dans Ektra, tout semble s’imbriquer tel un puzzle : une figure mineure se trouvera centrale dans la pièce suivante, de même pour une échelle harmonique ou encore une figure rythmique, ce qui lui confère une grande unité. Il est également essentiel de respecter les indications de respiration (ou mieux encore d’utiliser la respiration circulaire dès que possible), de sorte à donner l’impression que la violence soit maximale et ininterrompue pendant toute la durée de ces quelques cinq minutes.
Cette pièce est dédiée amicalement à Oliver Class, qui avait créé les Trois Arcanes en 1997.