Ecartant d'emblée le commentaire musical, Fedele opte pour l'interprétation, voie plus difficile mais certainement plus prometteuse. Dans cette perspective, les données du problème se trouvent renversées : le film est considéré comme un sujet musical (certains de ses éléments, d'ailleurs, tant rythmiques que formels le suggèrent), par rapport auquel la partition tisse un contrepoint. En d'autres termes, s'il s'instaure une « nécessité » verticale entre images et sons, cette nécessité ne nie pas la possibilité que les sons soient organisés en une forme horizontale indépendante qui s'affranchit de la condition de simple commentaire. Mieux encore, dans un rapport fonctionnel de ce type, les deux univers linguistiques s'amplifient réciproquement et trouvent leur synthèse dans une unité de temps virtuelle qui supprime l'écart chronologique entre la date de réalisation du film, 1928, et celle de la composition de la pièce musicale, 1995.
Claudio Proietti, « Ivan Fedele » Les cahiers de l'Ircam, coll. Compositeurs d'aujourd'hui, 1996.