Partant du poème chorégraphique pour orchestre de Maurice Ravel, Thomas Hauert signe une chorégraphie d’une incroyable vitalité, où l’espace mental entre les interprètes se ressent comme un nuage d’oiseaux déployant la complexité de ses figures, sans direction ni plan préétabli. Les harmonies, les mélodies, les contrepoints sont traduits, amplifiés ou détournés physiquement par les danseurs. Les rythmes voyagent de corps en corps pour former de captivantes polyphonies de mouvements. Une dynamique à laquelle Thierry De Mey rêvait d’offrir une réponse filmique virtuose : c’est la rhétorique du tournoiement et de la voltige qu’il met en œuvre dans La Valse.
Le film, qui est projeté sur un large écran tendu au-dessus de l’orchestre, propose un montage en triptyque, permettant ainsi une mise en relation des différentes phrases de mouvement en fonction des motifs musicaux et des couleurs orchestrales. La technique de projection utilisée permet aussi, depuis un ordinateur, le déclenchement et le montage en temps réel des séquences filmées en suivant la partition ; un dispositif réactif qui laisse le chef libre de ses « mouvements » et l’interprétation musicale exempte de contraintes extra-musicales.
Thierry De Mey, note de programme du concert ManiFeste du 31 mai 2024 au Théâtre du Châtelet