Il s’agit d’un concerto de piano dans lequel le rôle du soliste ne se dégage que progressivement d’un son d’abord global et fragmenté. Puis, peu à peu, le discours du piano émerge, diffractant aussi bien harmoniquement, timbriquement que rythmiquement l’orchestre.
C’est à partir d’une séquence centrale fortissimo (ma dernière expérience sur ce terrain) et suraigu que s’organise la forme. Avant : chaos timbrique scintillant dans lequel le piano est fondu et qui s’achève par une véritable « entrée de soliste » ; ensuite, deux soli successifs où le piano développe une écriture très clavecinistique, pleine d’ornements, de dessins fragmentés, de micro-mélodies, d’élans stoppés. L’instrument est utilisé presque sans pédale, l’orchestre étant comme la caisse de résonance de l’instrument (la levée de l’étouffoir).
Quatre notes de coche et un ut suraigu du violon scelle cette rhapsodie pointilliste.
Chants Faëz signifie en moyen français « chants habités par les fées ». Le titre en est emprunté (« chants » dans l’original) à un recueil de récits néo-platoniciens de Claude de Taillemont (1558) et que l’auteur donne comme un « discours à l’exaltation des dames et de l’amour ». Dans ce recueil dit « à devisants », chaque personnage devant rapporter son histoire (à l’instar du Décaméron) en est comme empêché. La musique n’est en rien une illustration de ce livre mais se trouve parfois en mimer la forme et les procédures narratives.
Les Chants Faëz a obtenu le 1er prix du Concours de composition du Studium de Toulouse 1986.
Extrait du livret du cd Gérard Pesson, Editions Accord-Una Corda (Universal), n°4650798-2.