Le titre de cette pièce trouve son origine dans une aurore boréale à laquelle j'ai eu la chance d'assister dans le ciel arctique, à l'époque où les premières pensées concernant cette pièce s'agitaient dans mon esprit. En regardant les mouvements de ces lumières silencieuses envahir l'immensité du ciel noir, la musique a commencé à trouver sa forme et son langage. Quelle est la dépendance — et même en existe-t-il ? — entre le phénomène naturel et ma pièce, je ne saurais le dire.
Dans Lichtbogen, j'ai travaillé pour la première fois avec l'ordinateur dans le contexte d'une musique purement instrumentale. En particulier, I'harmonie et le rythme ont été élaborés avec deux outils différents à l'Ircam. Pour l'harmonie, j'ai travaillé avec le système élaboré par Claudy Malherbe et Gérard Assayag (à partir des recherches du psychoacousticien Ernst Terhardt), qui permet de déterminer dans un son complexe les hauteurs virtuelles et leurs poids perceptuels. Ainsi, le matériau harmonique provient des sons « multiphoniques » du violoncelle analysés avec ce programme. Pour le rythme, j'ai utilisé un réseau de programmes que j'ai réalisé moi-même et qui permet de construire des processus d'interpolations et de transitions sur les différents paramètres musicaux.
Kaija Saariaho.