C'est à la demande de Kent Nagano que j'ai été amené à écrire cette nouvelle œuvre pour l'orchestre de Berkeley. Nous avons eu l'occasion de dialoguer longuement lors de son dernier passage à Paris sur les évolutions possibles du langage musical, sur son goût pour une certaine forme d'énergie en musique, sur la force du rythme et l'importance de la pulsation. Kent Nagano est un chef à l'affût, curieux des nouvelles tendances de la musique de notre temps. Il a souhaité organiser une véritable rencontre avec le public californien autour de cette nouvelle œuvre. En latin, Lumen signifie lumière, clarté, rayonnement, brillance, éclat, etc. Peut-être est-ce en raison de mes origines dans le midi de la France que j'ai toujours été fasciné par la brillance et la clarté en musique. Mes œuvres récentes : Faërie pour orchestre, Celestial City pour bois, cuivres, percussions et orgue, et Happy Bird pour flûte, deux cors, percussions et orchestre à cordes, ont toutes été composées sous le soleil de Rome. Comme elles, Lumen utilise des harmonies inusuelles, brillantes, kaléidoscopiques. Bien qu'en son milieu la pièce soit baignée de couleurs sombres et crépusculaires, elle commence et s'achève de façon luminescente. La coda, qui utilise une échelle pentatonique inattendue, revient en effet aux premières teintes d'un lever du jour.
Régis Campo, éditions Lemoine.