Jimmy Yancey fut l'un des pionniers du boogie-woogie, style pianistique qui apparut au début des années vingt. La main gauche bondissante du Ragtime se transforme alors en une formule se répétant de façon monotone, à la façon d'un train qui défile, ce qui produit un effet plus mélodieux que la basse du Ragtime.
Écrite pour neuf instruments à vent, piano et contrebasse, la pièce est en deux mouvements. Dans le premier, trois thèmes de Yancey sont cités ; le second est une sorte de In Memoriam. Les deux mouvements se terminent avec une formule caractéristique du boogie-woogie, avec laquelle Yancey finissait de manière inattendue tous ses enregistrements. Sans doute le faisait-il sur un signe du producteur, lorsque les trois minutes qu'un 78 tours pouvaient contenir étaient passées. En effet, en règle générale, les pianistes de boogie-woogie jouaient pendant des heures sans interruption dans des bars pour divertir la bourgeoisie blanche.
Louis Andriessen, traduit de l'anglais par Jérémie Favreau, programme Agora 2000.